Dernièrement, dans mon club affaires, un de mes collègues a évoqué qu’il se sentait imposteur face à une proposition. Il avait l’impression que d’autres personnes étaient mieux placées pour faire le travail. Puis autour de la table, d’autres ont raconté qu’ils se sentaient imposteurs à l’occasion.
Ceci est tout à fait normal car selon les inventeurs du concept, les psychologues Pauline Rose et Suzanne A. Imes, 60 à 70 % des personnes douteraient à un moment ou à un autre de leur carrière, de la réalité ou de la légitimité de leur succès. OK, je suis normal, mais il me semble que ça m’arrive bien plus souvent que ça. J’imagine qu’en tant que travailleur autonome ou entrepreneur c’est normal de douter.
C’est l’automne et comme moi, vous aurez probablement plein d’opportunités, d’occasions de dire oui ou non. Pour ma part, un gros défi m’attend en novembre. Je dois monter et dispenser 5 cours de 3 h en rédaction web pour la formation continue du Cégep Limoilou. Plus de 20 ans après y avoir étudié, j’y retourne pour enseigner. Mais lorsque l’on m’a proposé le poste, le doute m’a pris. Qui suis-je moi pour dire aux autres comme écrire pour le web? Suis-je assez bon? Est-ce que je maitrise vraiment le sujet? Suis-je la bonne personne?
Toutes ces questions, je me les étais déjà posées. La première fois que j’ai créé un nom d’entreprise. La première fois que j’ai rédigé un billet de blogue. La première fois que j’ai créé la personnalité d’une marque. Vous avez compris le pattern. C’est comme si chaque fois que l’on me considère assez talentueux pour faire quelque chose de nouveau, les gens voient en moi ce que je ne vois pas encore. Comme si après avoir acquis assez d’expérience, je doute quand vient le temps de sortir de ma zone de confort et d’aller me frotter à la critique. J’ai peur d’être jugé, d’être démasqué.
Mais malgré ça, je me pousse à le faire. À sortir de ma zone. Puis la confiance grandit encore jusqu’à la prochaine sortie de zone.
Par exemple, la première fois que j’ai donné mon cours Créativité et contenu numérique au CFP Maurice-Barbeau, j’avais 94 slides pour un cours de 3 h. Je plains les étudiants dans la salle. Mais en lisant sur le syndrome de l’imposteur je me suis rendu compte que c’était un mécanisme de défense appelé l’overdoing. Il s’agit essentiellement d’investir une très grande quantité d’énergie par rapport à une tâche à accomplir de façon à attribuer le succès à cet effort au lieu des compétences réelles.
Pour en revenir à ma première expérience de formateur, j’avais l’impression d’être sous-qualifié (même après 8 ans à rédiger des sites web). Mais aucun étudiant ne pensait comme ça, au contraire. Aujourd’hui, au lieu de nier la propriété de mes accomplissements personnels (la définition du syndrome de l’imposteur), je me réjouis de pouvoir apprendre des choses à mes étudiants même lorsque je ne me sens pas à 100 % en contrôle de mes moyens.
Bref, j’ai l’impression que je devrai encore me battre avec moi-même pour me libérer du syndrome de l’imposteur. Je me réjouis en me disant que je ne suis pas seul à avoir peur d’être démasqué. Mais démasqué de quoi au juste?