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Olivier Dufour est designer principal chez Lucid Dream, une entreprise de création de contenu de divertissement reconnue à l’international. Élevé par 2 parents photographes, il baigne dans l’art depuis son enfance. Je l’ai interrogé sur son processus de création et sa perception de la créativité.

Quelle est la part de risques dans ton processus de création?

C’est 100 % du risque, c’est la zone où je me sens en sécurité. Je suis vraiment à l’aise avec l’abstraction. Plus c’est bizarre, plus je suis confortable. Les gens nous engagent pour construire des ponts dans le chaos et voir ce que les autres ne voient pas.

Es-tu plus créatif lorsqu’il y a plus ou moins de contraintes?

Plus il y a d’embûches, plus je suis stimulé. Les contraintes me poussent à dépasser mes propres connaissances et mon champ d’expertise. Ça me donne envie de bouger des montagnes pour que ça fonctionne. Dans la phase de lune de miel du processus de création, je suis tellement enthousiaste que je me réveille la nuit avec des idées.

Projet Dark Forest

Quelle est l’importance du temps dans ton processus?

Le temps où le projet t’habite sans nécessiter une intervention concrète, c’est à ce moment que les problèmes se résolvent. Dans le temps de transition, quand tu reviens sur le projet, les solutions arrivent. C’est comme ça que je fonctionne avec mon équipe. On travaille un bloc de deux avant-midis de création. Puis, en après-midi nous sommes ensemble et on fait nos recherches et nos devoirs. C’est là qu’on fait nos découvertes. Ensuite, on attend une semaine ou deux avant de se revoir.

Est-ce que l’innovation est essentielle à ton travail?

Ce qui m’intéresse dans l’innovation c’est mon propre dépassement, l’idée de ne pas me répéter. J’ai l’impression d’innover lorsque je ne fais pas comme tout le monde.

Projet Arbre

Comment vois-tu l’impact de l’intelligence artificielle?

Une de mes plus grandes frustrations dans la vie est que je dessine très mal. Et je suis dépendant des illustrations parce que ma façon de penser est cinématographique.  L’IA a déclenché une forme de liberté, avec la possibilité d’illustrer ce que j’ai en tête. Ç’a permis entre autres de faire un projet avec 5000 photos générées par l’intelligence artificielle qu’on a ensuite décomposées et animées.

Quelle est ta définition de la créativité?

C’est la capacité d’une personne à connecter les points, à voir quelque chose d’extrêmement précis où il y a abstraction et confusion totale. C’est ouvrir un nouveau champ et faire avancer son métier. Un mécanicien créatif, c’est celui qui trouve une solution là où personne ne s’y attendait. Parce qu’il prend un nouveau chemin que personne n’avait pris avant. Art n’est pas créativité. On peut très bien être un artisan talentueux qui exécute et réinterprète toujours la même idée sans jamais se réinventer ou raffiner son art.

Brainstorm chez Lucid Dream

Qu’est-ce qu’une œuvre artistique réussie?

C’est lorsqu’elle touche les gens, même si l’œuvre est complètement différente de ce que j’avais imaginé au départ. Lorsque tu amènes ta création au public et qu’il se l’approprie en voyant des choses que tu n’avais pas imaginées, c’est gratifiant.

Tu as grandi dans une famille d’artistes, comment est-ce que ça a influencé ce que tu fais?

Mes deux parents étaient photographes. On vivait dans une maison patrimoniale dans le Vieux-Québec où je côtoyais des journalistes, des enseignants et des immigrants. La production pour les shootings s’installait dans la cuisine. La maison était comme un bureau de production avec maquillage, coiffure, studio d’art et de publicité. Dès l’âge de 10 ans, j’ai appris à faire du laboratoire photo. Tout ça était un bouillon intéressant. Ça m’a beaucoup influencé. Dans cette vieille maison, j’ai aussi développé l’amour de rénover et de travailler avec mes mains.

Projet Le mur du son

L’inspiration finale

« Ce qui m’intéresse, c’est que mes rêves à moi allument quelque chose chez les autres »

– Olivier Dufour, Lucid Dream